Dans le bourg
L’église Sainte-Foy
Elle fut construite durant la première moitié du XIIe siècle et transformée à la fin du XIIIe siècle.
Cette église, primitivement dédiée à saint Martial, passa vers 1105 sous le vocable de Sainte-Foy, dépendant ainsi de Conques jusqu’en 1613.
Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 19 décembre 1907 présente un portail surmonté d’un arc à voussure polylobée.
L’église Sainte-Foy de Bains est édifiée en pierre de taille volcanique assemblée en grand appareil.
Sa façade occidentale présente un remarquable portail roman orné d’un arc à voussure polylobée.
Ce portail, surmonté d’un puissant arc de décharge, est encadré de deux groupes de trois colonnes présentant un anneau torique à la base et surmontées chacune d’un chapiteau sculpté. Ces colonnes supportent une archivolte à voussures multiples dont la dernière est ornée de lobes et d’une moulure décorée de personnages et d’animaux.
Ce genre d’arc, appelé arc à voussure polylobée, est une variante de l’arc polylobé hérité de l’architecture omeyyade du califat de Cordoue qui se répandit dans l’architecture romane française par le biais de l’influence des pèlerins le long des grandes routes françaises du Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et, en particulier, le long de la Via Podiensis qui passe par Bains.
La partie haute de la façade méridionale est ornée d’une arcature constituée de trois arcs en plein cintre supportées par d’élégantes colonnettes. Deux de ces arcades sont aveugles, seule celle du centre étant percée d’une fenêtre.
À l’intérieur, une cuve baptismale et une pietà.
Le Château de Bains
Jean Burel, tanneur du Puy en Velay né vers 1540 et mort en 1603 fut un des chroniqueurs de son époque, il réalisa un croquis à la plume en 1580 du château de Bains en Haute Loire avant sa destruction (sources Bibliothèque municipale du Puy en Velay Mémoires de Jean Burel).
Ce château est connu dès 1227 avec Pons de Bains qui reconnaît la suzeraineté de l’évêque du Puy. Pons de Bains est alors précepteur du Temple de Saint Barthélémy du Puy. Il appartient à une famille de chevaliers dont une branche est établie à Bains, les De Saunier. Hector du lac de la Tour d’Aurec cite dans son Histoire du département de la Haute Loire un Pierre de Chambefort futur seigneur de Bains qui loge en sa maison du Puy le roi Saint Louis en 1254. En 1258 vente par Héracle de Montlaur le jeune de la seigneurie de bains à Pierre Chambefort du Puy. En 1413, les De la Tour Choisinet ajoutent Bains à leurs possessions. Cette famille de la Tour est alliée aux de la Tour Saint Vidal, aux Talode et aux Du Saunier, toujours par le lien des mariages. En 1548, Louis I de la Tour rend hommage à Jean de Vesc seigneur de Grimaud et Florie de Montlaur pour sa tour et maison forte de Bains. En 1580, Louis, Antoine et Pons de la Tour de Bains et le seigneur de Talode se vengent fort bassement du juge Bertrand en violant son épouse, manifestant ainsi assez perversement leur désaccord envers l’emprisonnement du seigneur de Truchet (un de leurs parents) décidé par le dit juge. La dame en mourut quelques temps après, le juge lui se remaria mais le château de Bains dessiné par Burel fut arasé. Il est extrêmement difficile comme d’habitude de suivre précisément là encore l’historique familial de ces châteaux. Seuls quelques actes notariés ou faits marquants sont répertoriés.
Reconstruit sous une forme plus simple, il passa ensuite à la famille de Monteyremard en 1648, Gaspard de Monteyrémard est cité seigneur de Bains et 4ème consul du Puy, il possède également un hôtel au Puy. En 1692, vente du château à Antoine de Bellidentis de Landes, famille qui gardera le château jusqu’à la révolution. Il passe ensuite aux Matussières puis aux Miramon-Pesteils qui le vendent en 1920.
Le village de Montbonnet
Il eut son heure de gloire, avec la puissante Baronnie de Montbonnet. Plusieurs familles seigneuriales se partageaient les terres, à force de mariages sans doute, les Mercoeur, les Polignac et les Montlaur. Montbonnet était alors un point stratégique, un col où devaient passer pélerins et marchands, les Montlaur originaires du Languedoc devinrent par des alliances de puissants seigneurs du Devès. Ils percevaient les péages des voies de circulation comme la Régordane, la via Podiensis, la Bolène. Bien sûr, ils ne vivaient pas dans tous leurs châteaux mais y installaient des châtelains qui géraient leurs affaires.
Avant l’an 1000, le château de Montbonnet était une sorte de tour de garde en bois. Le village se situait autour de la tour sur les flancs de la butte. Vers 1219, les Montlaur étaient en possession de Montbonnet, Cayres et Mariac, le château nommé dans les actes Castrum de Monte Boneti était alors reconstruit en pierres, un nouveau village La Bonnette se créa en contrebas de la butte, puis un troisième auprès de la route qui fut construite. Depuis 1851, les 3 villages se sont regroupés au seul nom de Montbonnet.
En 1322, Saint Roch lors d’un pélérinage au Puy aurait séjourné quelques jours au château de Montbonnet, une petite chapelle porte son nom. De 1359 à 1368, les troupes anglaises (guerre de 100 ans de 1337 à 1453) ravagent le Velay, les châteaux dont Montbonnet sont assiégés. Les années suivantes, ce furent les mercenaires de toutes nationalités dits les routiers et plus tard les Grandes Compagnies qui prirent le relais accomplissant vols, incendies, viols, tortures. Durant les rares trêves, les châteaux du Devès aux armes de Montlaur s’armèrent de créneaux, mâchicoulis, herses, fossés pour soutenir les attaques. En 1382, Montbonnet est si ravagé que les Etats du Velay en réduisent les tailles. La branche des Montlaur faute de descendant mâle s’éteint à la mort d’Armand de Montlaur en 1439. Jeanne, sa sœur, s’unit à la famille De Maubec qui prit la suite des Montlaur qui se maintiendra jusqu’en 1551 où un Raymond de Mourmoiron prendra la suite pour la laisser par sa fille à la maison d’Ornano. En 1589, Montbonnet un certain Pierre de la Rodde, capitaine-châtelain ravagea toute la contrée et ce jusqu’en 1594 où il ira sévir un château plus loin. En 1631, le château hébergea contre son gré, comme bon nombre d’autres d’ailleurs, une compagnie royaliste lors d’un soulèvement du Languedoc contre Richelieu. Richelieu fera démanteler, par représailles, plusieurs châteaux du Velay dont celui de Montbonnet en 1632 qui le sera partiellement. Richelieu sonnera ainsi le glas de l’aristocratie féodale. Laissés à l’abandon, ces châteaux serviront de carrière à diverses constructions (maisons, églises).
La Chapelle St Roch
Elle est citée, pour la première fois dans un document de l’Hôtel Dieu daté de 1213, puis dans une archive des Templiers de Chantoin en 1217. Cette chapelle initialement dédiée à Saint Jacques, puis à Saint Bonnet a pris le nom de Saint Roch au XVIIe siècle. Elle a été édifiée au XIe siècle par le Seigneur de Montlaur, dont les armoiries sont sur la clé de voûte de la nef : un lion de vair, lampassé, couronné de gueules. Saint Bonnet en devint le premier patron. On y honora aussi sainte Bonnette d’Alvier, leurs statues figurent dans la chapelle.
Détruite par un incendie lors de la guerre de cent ans, elle a été reconstruite au début du XVe siècle. La Chapelle, plusieurs fois remaniée, notamment au XVIIe siècle après le passage des Huguenots a cependant gardé son caractère ancien.
Diverses statues ornent cette chapelle :
- Saint-Roch en bois polychrome est représenté montrant sa plaie au genou à un jeune enfant. Un chien est assis à sa gauche, un pain dans la gueule.
- Sainte Bonnette d’Alvier et Saint Bonnet XVIe siècle sont également en bois polychrome
- Une vierge de majesté à l’enfant, facture en bois polychrome du XVIe siècle est représentée assise sur un siège, elle tient un sceptre en forme de lys dans la main droite. Jésus, reposant sur le genou gauche, bénit de la main droite et tient la sphère du monde dans l’autre main.
- Et deux statues en bois peint doré du XIXe siècle complètent le trésor de la chapelle, il s’agit de Saint Joseph et d’une vierge début présentant l’enfant Jésus porté sur le bras droit.
Un cimetière, un puits et un logement d’accueil, aujourd’hui disparus, jouxtaient cette chapelle érigée en bordure même de la voie suivie par les Jacquets.
L’édifice massif a conservé sa structure ancienne avec une porte en tiers point dans la tradition de l’architecture des Templiers, c’est-à-dire en arc brisé construit autour d’un triangle équilatéral.
Les façades nord et sud sont épaulées de gros contreforts. L’ensemble est surmonté d’une toiture à deux pans où siège un clocher peigne à trois arcades, c’est à dire un mur percé d’ouvertures en demi-cercle au sein desquelles sont accrochées des cloches. Ici, le mur comporte deux niveaux : en partie basse nous retrouvons deux baies juxtaposées et au-dessus une ouverture plus petite dévoile une cloche.
Cette chapelle du Xe siècle fut remaniée à plusieurs périodes. Les styles se juxtaposent, ainsi la nef est voûtée en berceau plein-cintre. Juste avant le chœur, un arc triomphal plein-cintre est doublé d’un arc brisé. Au-dessus du chômeur voûté d’ogives, les armoiries du baron de Montbonnet figurent sur la clé de voûte.
L’édifice fut dédié à Saint Roch, lors de l’extension du culte de ce saint, devenu patron des pèlerins.
Une légende s’attache à cette chapelle : les habitants de Bains, jaloux de la vénération de saint Roch à Montbonnet, voulurent ramener la statue chez eux ; ils la mirent sur un char tiré par un bœuf et un âne. En chemin les animaux refusèrent d’avancer et posèrent « pesamment » leurs sabots sur une pierre qui en garda l’empreinte.
La légende prétend aussi que les cailloux déposés sur cette pierre disparaissent la nuit suivante.
Le lac de l’œuf
Le lac de l’œuf se situe à quelques kilomètres à peine de Montbonnet. Sur ce site de 2 ha à 1200 m d’altitude, une tourbière est en cours de formation, ce qui confère un caractère très particulier à l’échelle du Devès et une très haute valeur écologique. A cela s’ajoute l’aspect paysager du site avec le contraste entre la verticalité des arbres, particulièrement des résineux, et l’horizontalité de la tourbière dont la forme est très alvéolée.
Ce site sauvage et mystérieux, voire presque féérique n’est pas un lac. Il s’agit en fait d’une tourbière nichée entre deux volcans. Ces cuvettes sont remplies de quelques centimètres d’eau en hiver, devenant zones marécageuses et tourbières le reste de l’année. Ces zones alimentées par des petites sources sont le refuge de nombreux oiseaux sédentaires (le Canard colvert, la Bécassine des marais, le Pipit des arbres et le bec croisé des sapins) mais aussi des espèces de libellules (la Leste dryade, la Leste Fiancé, l’Agrion jouvancelle et le Sympetrum jaune). Deux espèces de batraciens ont été rencontrées : la Grenouille rousse et la Grenouille verte.
La flore est particulièrement riche dans cet endroit frais et humide. On y trouve la Linaigrette à feuilles étroites, le Comaret des marais et le Trèfle d’eau.
Les croix
Les croix font partie du paysage et de la vie des altiligériens. Elevées pour protéger les villageois des guerres, des intempéries ou des famines, fleuries les jours de fêtes, stations de prières des pèlerins de St Jacques ou des passants, les croix sont les témoins des joies, des craintes, des souffrances et des actions des hommes.
Selon un inventaire de 1964 et l’ouvrage de Jean Chaize, la Commune est l’une des plus riches de la Haute-Loire en nombre de croix, elle en dénombrait pas moins de 46. En effet, une vingtaine orne les chemins, les carrefours, les routes et les places. Ces croix des chemins ou de carrefour guidaient les voyageurs. On citera la Croix à gauche sur la route de Pigeyres, l’une des plus belles qui date de 1609. Chaque village a la sienne, voire même plusieurs. De nombreuses maisons, sur la porte, dans la cour en possèdent une, symbole de foi et de protection. Dans une niche, au-dessus de la porte d’entrée d’une ferme, à droite et à 100 mètres environ au-dessus de l’ancienne route de Pigeyres :
- Une statue de la Vierge, mains jointes
- Une statue (sans doute Sainte Anne) portant la Vierge sur ses genoux.
Parmi ces croix, nous en décrirons plus spécifiquement 9.
Croix fer forgé
Placée vers le chevet de l’église, elle comporte de multiples décorations dont les motifs sont forgés à la main. Elle est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 11 juin 1930.
Croix à Cordes
Sur le plateau dans le haut du village. La table comporte, latéralement, une frise de bâtons frisés. Le fût présente trois boutons saillants sur deux faces opposées. La croix de même section est tréflée. Nombreuses gravures au trait : instruments de la Passion, ostensoir, têtes coupées, sigle de Marie, initiales I.P. et tout au centre du Croisillon un rond en porcelaine blanche figurant l’hostie.
Croix à Augeac
Elle domine la route à proximité du pont et repose sur deux niveaux de gradins. Les pierres placées sous la table semblent avoir été remaniées et paraissent un peu plus étroites dans la partie supérieure. D’une table épaisse, évasée vers le haut, jaillit le fût carré dont la base est plus petite que le trou aménagé dans la table. La date de 1807 a été gravée dans la partie galbée. Le croisillon représente sur l’une des faces un christ naïf, assez allongé, pieds superposés. Au revers, en très faible relief, la Vierge Noire du Puy.
Croix à Ramourouscle
A l’entrée du village, côté gauche de la route en venant de Séneujols. Le fût semble octogonal, en fait c’est un carré dont les angles furent abattus largement et taillés en cavet. Aucun chapiteau. Le croisillon a une base circulaire, puis la croix est de section carrée. Une gorge ménagée sur la traverse délimite un fleuron externe non débordant, comprenant quatre pétales repliés sur un bouton central. Par contre, le fleuron sommital déborde carrément. Cette croix porte aux extrémités des fleurons avec rosaces quadrilobées. Sur la face antérieure, statuette du Christ. Sur la face postérieure, statuette de la Vierge surmontée d’une tête d’ange aux ailes déployées, un AVE MARIA sur le second ; des initiales à demi effacées, probablement celles du donateur, sur le troisième. Sur un des pans de la base du fût, la date de 1631 est gravée. Elle a été inscrite le 11 juin 1930 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Croix à Boeux
Sur la place, près de la fontaine, elle est en granite à fût rond, légèrement galbé et conique, avec chapiteau sommital circulaire. Le croisillon est non figuratif, cassé dans sa partie inférieure ; les deux bras reposent directement sur le chapiteau. Ce monument est daté de 1634.
Croix vers Montbonnet
Sur l’ancien chemin de Montbonnet à Pigeyres à 400 mètres du hameau de Montbonnet. Sa base carrée posée à même le sol, légèrement retaillée dans la partie inférieur du fût pour y ménager un petit entablement. Fût et croix ne font qu’un. Le fût a sans doute été raccourci mais il s’emboîte parfaitement dans sa base. Les bras du croisillon sont détériorés. Représente au centre, dans un cercle en saillie un Christ ébauché de style très XIVe siècle.
Croix des « Grands Pères »
Près de Bains et de la R.D. 481 dans un délaissé de route, à droite en allant vers Farigoules, le monument, au demeurant fort simple et sobre n’offre rien de particulier, mais une curieuse histoire racontée par les anciens s’attache à ce monument : « un cultivateur des environs possédant un champ non loin de là, passait fréquemment devant cette croix. Un jour, il entendit une voix disant : « c’est mon grand-père » puis une deuxième non moins affirmative renchérissant : « non, c’est le mien ».
Depuis lors, à chaque passage, les voix recommençaient leur duo en haussant le ton. Agacé, puis énervé, notre homme en vint à espacer ses travaux n’osant parler à quiconque des voix entendues. Un jour, complètement découragé et décidé à abandonner l’entretien du champ, il parvient toutefois à se confier à un ami du village pour lui demander conseil.
Après mûres réflexions, celui-ci proposa une solution susceptible de satisfaire les voix revendicatrices. Notre homme repartit donc, arriva devant le calvaire où immédiatement les paroles si souvent entendues s’élevèrent à nouveau de plus belles : « c’est mon grand-père – Non, c’est le mien ». Alors, de toutes ses forces, le cultivateur s’écria en patois : « taisez-vous donc, inutile de vous disputer, je suis votre grand-père à tous les deux ». Il paraît que les voix se turent à jamais, mais, depuis, la croix conserve le nom de «croix des grands-pères ».
La croix de la chèvre
Elle est située à Montbonnet, près du lac de l’œuf, pratiquement à la crête des Monts du Velay. Cette croix semble être le vestige d’un monument fort ancien et imposant. Cette croix que l’on dit d’origine celtique soulève l’hypothèse d’un culte druidique en ce lieu. Elle devait avoir 1m90 d’envergure à l’origine
Sa présence en ce lieu perdu dans les bois, s’explique uniquement par sa situation en bordure de la « voie des marchands » très fréquentée par les routiers au Moyen Age.
Inventaire des croix de la commune >>